L'art de perdre le contrôle | Enzo

1H07 A.M

Une douce sensation de paix intérieure, oui voilà, c'était cela...Cali avalait encore un autre verre de ce chaud liquide incolore, souvent appelé vodka, qui chatouillait sa gorge et venait agresser ses papilles par son goût si fort. Pourtant, elle n'était pas saoule. Pour une petite personne, la jeune rouquine était très endurante en ce qui concernait l'alcool, il lui en fallait beaucoup pour perdre le contrôle d'elle-même. Pourtant, ce soir, elle en avait envi et c'est au Diamant club qu'elle était venue s'éclater. Pas de petit ami chiant dans les pattes, seulement des hommes qui la désiraient, la déshabillaient du regard et souhaitaient la tenir fermement contre leur corps. Et la plupart d'entre eux n'y auraient même pas droit! Ce soir, elle était particulièrement splendide. Ses cheveux rouges semblaient être en feu sous la lumière des projecteurs qui faisaient aussi briller son petit haut doré sans bretelles. Lorsqu'elle dansait, ses petites fesses recouvertes par une jupe de jean assez courte se trémoussaient, ses cheveux chatouillaient le haut de son dos et ses épaules nues. Ses yeux brillaient sans aucune raison particulière pendant qu'elle avalait encore et encore un peu d'alcool.

Cali marchait en titubant légèrement, à peine. Ses yeux trahissaient parfois sa fatigue à cette heure si tardive de cette nuit déjà entamée depuis plusieurs heures. Elle se sentait si bien lorsqu'elle était bourrée...Elle était calme, sereine et en paix avec elle-même. Aucun de ses soucis ne venaient la faire chier! Et puis tous ces hommes qui la désiraient! La belle Calista adorait ce sentiment d'attraction qu'elle avait sur le sexe opposé. Épuisée par la danse, la jeune femme quitta la piste pour se diriger vers le bar. Sa démarche était plutôt hésitante, elle avait du mal à mettre un pied devant l'autre sans percuter quelqu'un au passage. D'ailleurs, la rouquine passa à côté de quelqu'un, perdit joliment l'équilibre quelques secondes. Assez pour renverser le verre que le bel inconnu tenait dans ses mains. Les yeux brouillés, Cali releva la tête pour l'observer et se contenta de sourire. Un sourire charmeur. Il avait une belle gueule, celui-là...

« Oh merde, excuse-moi chéri, j'suis un peu bourrée comme tu peux le voir...Par contre si tu m'aides à atteindre le bar, je veux bien t'en payer tout pleins des verres! Et plus si affinités hein, j'te trouve très sexy tu sais... »

[Mdrr.. on risque de bien s'amuser xD]

Il était onze heures trente quand Enzo Cruz décida que l'heure n'était pas à dormir, mais plutôt celle à faire la fête. Peut-être était-ce une mauvaise idée d'avaler cette poudre qui semblait contenir beaucoup plus de stimulants que de calmants, comme à son habitude. Ayant terrer une bonne partie de ses réserves à l'autre bout de la ville, Enzo n'avait pas eu l'occasion d'aller en prendre une part, et avait donc du se servir dans le stock qu'il réservait à la clientèle. Erreur, car l'espagnol n'était guère habitué aux stimulants, suffisamment gonflé à bloc en toute circonstance, pour en avoir besoin. Ses membres tremblaient presque, et la dose remontait à une heure. S'habillant après avoir pris une douche et s'être rasé, enfilant un jeans et un polo blanc ajusté, faisant ressortir son teint foncé et sa silhouette athlétique (comme s'il s'en souvient vraiment, au fond), il prit le taxi pour se rendre au seul club qu'il connaissait sur l'ile, depuis son arrivée, le Diamant.

Il y arriva à minuit et trente, et la fête battait son plein. Enzo sourit, les Grecques étaient réellement des gens nocturnes, et il reconnaissait quelques visages qu'il avait croisé durant sa journée, et fonça au bar d'emblée. Ne connaissant personne, le brun n'eut pas à s'arrêter souvent, simplement une blonde, qui voulait quelque chose pour la mettre dans l'ambiance. Lui fourguant sans émotion un cachet de speed, Enzo lui offrit un verre pour l'avaler proprement. Offrant un gin tonic à la demoiselle, il céda plutôt à une crème de menthe blanche, qu'il avala en deux temps trois mouvements. Il en enfila plusieurs, jusqu'à ce qu'en se retournant, il renverse la totalité (ce qui voulait dire la moitié) de son verre sur ses vêtements. Relevant la tête en écoutant les excuses pâteuses de la rousse, il sourit.

«Aïe, j'en connais une qui aura mal à la tête demain.»

Il lui sourit, puis la prit par la taille de manière galante pour l'apporter au bar, faisant déguerpir un mec quelconque pour l'assoir quelques instants. Enzo la détailla, puis sourit. La demoiselle semblait encline à continuer à boire, bien qu'elle est certainement une bonne dose d'alcool dans le corps.

«On peut continuer, mais un verre d'eau citronnée s'impose.»

Enzo fit signe au barman qui hocha la tête, puis s'éloigna un instant.

«Enzo Cruz»

[Bah ouais, on s'amuse toujours avec moi xD]

Calista laissa le beau jeune homme dont l'identité lui était toujours inconnu poser ses mains sur ses fines hanches bien dessinées afin de la conduire jusqu'au bar. Elle y serait sûrement arrivée toute seule, mais elle aurait eu bien du mal à marcher droit! D'ailleurs, elle avait tellement bu qu'elle hoquetait parfois puisqu'elle avait avalé tout ce nectar si vite. La belle se laissa tomber sur un tabouret et posa ses coudes sur le comptoir en renvoyant d'un geste gracieux ses longs cheveux rouges vers l'arrière. Même saoule, Calista Kaligaris arrivait toujours à être gracieuse. Sa tête tournait légèrement, sa vision était un peu floue. Rien de grave, elle avait été habituée à bien pire. Quelques verres d'eau et elle serait à nouveau sur pieds! Elle pourrait donc recommencer à boire...en compagnie d'un inconnu absolument craquant. Une fois qu'il s'eut posé à côté d'elle, la jeune rouquine tourna la tête en sa direction et ses lèvres se fendirent en un grand et sublime sourire. Charmeur, évidemment. Elle ne savait faire que ça. Pourtant, le beau brun au teint bazané ne semblait pas du tout saoul. Il semblait plutôt être dans un autre monde, dans une autre dimension carrément plus sereine que celle-ci. Puisqu'il était anormalement trop calme, Calista compris qu'il avait dû prendre quelques p'tites pillules ou encore de la poudre pour s'aider un peu. Après la recommandation du jeune homme, le barman qui connaissait bien Calista lui servit un verre d'eau avec absence d'alcool. Elle grimaça légèrement et le vida d'un seul coup. Elle avait toujours détesté boire de l'eau après de l'alcool, le goût semblait si fade à côté.

« Joliiiii nom. Pas un italien hein? Nah t'as pas une gueule d'italien, j'les connais bien ceux-là. Mmmmmm...un espagnol! Bingo, j'suis certaine que j'ai deviné, t'as une tête d'espagnol mon beau! »

Oula, il était vraiment temps qu'elle arrête de boire celle-là! Cali passa une main sur son visage, se recoiffa légèrement sans réaliser qu'elle l'avait laissé se présenter tout seul sans qu'elle ne lui dise à son tour son nom.

« Oh pardon, moi c'est Calista. Kaligaris. J'suis grecque, j'ai un joli cul et des gros seins! Eh merde, je dis des conneries là, j'crois que j'ai trop bu ... »

Calista se mis à rire doucement en avalant un autre verre d'eau bien fraiche puis repris son sérieux quelques secondes après. Il lui en fallait beaucoup pour être saoule, mais après quelques verres d'eau, elle était étrangement toujours mieux! Probablement qu'avec le temps, son corps s'était habitué à l'alcool qu'elle avait dans le sang presque chaque soir, que ce soit en forte dose ou en petite. Ayant retrouvé un peu de ses esprits, la belle ajusta sa posture en redressant son dos qu'elle avait courbé et croisa ses fines jambes l'une sur l'autre. Bah voilà, la charmante et irrésistible Calista était de retour en force, et celui-là, elle comptait bien apprendre à le connaître des pieds jusqu'à la tête. Plus particulièrement au niveau du bassin et de la bouche en fait! C'était quoi son p'tit nom déjà? Ah oui, Enzo...Miam.

« Qu'est-ce que tu fais à Santorini, beau brun? J'te ferais bien visiter ma chambre, moi... »

Calista faisait tourner son verre d'eau, maintenant vide, entre ses petits doigts frêles tout en écoutant le bel accent espagnol d'Enzo. Elle-même avait un accent grec très prononcé, mais depuis le temps qu'elle vivait ici, elle ne remarquait plus l'accent grec des gens, c'était devenu trop famillier. Par contre, son ouïe fine pouvait deviner les accents espagnols et italiens qui étaient si doux pour son oreille. Depuis le début de la soirée, elle était arrivée vers 23h, elle n'avait pas cessé de boire et de danser pour finalement retourner au bar pour encore et encore. Cali, même si elle était une adepte depuis plusieurs années, n'avait pas encore trouvé sa propre limite. D'ailleurs, elle n'avait jamais été malade probablement parce que contrairement à certains, elle n'avait pas cherché à se tester. Future femme médecin limite alcoolique, sympa! La rouquine fit glisser son verre jusqu'au barman qui ne pu réprimer un sourire et elle lui demanda quelque chose d'alcoolisé mais de doux pour éviter ce qui s'était passé deux minutes plus tôt. Elle semblait maintenant plus fraîche, en contrôle d'elle-même et de ses mouvements, ce qui en étonnerait plus d'un après tout ce qu'elle avait bu. Le barman lui servit une vodka mélangée à du jus d'orange. Tout en jetant un regard au bel homme qui était à ses côtés, Cali trempa doucement ses lèvres dans ce nectar divin plutôt doux. Effectivement, Enzo était natif de Madrid, en Espagne. Cali avait toujours été intriguée par ce bout de pays et s'était jurée d'aller y faire un tour un jour. La Grèce avait ses charmes, mais lorsqu'on y a vécu toute sa vie, les décors, bien qu'ils soient époustouflants, finissent par être moins beaux. La jeune femme hocha doucement la tête en souriant pour lui faire comprendre qu'elle était de Santorini.

« Je suis née ici et je crois que j'y resterai jusqu'à la fin de mes jours. J'ai été élevée avec la méthode grecque, mes parents ont été très déçus en réalisant que je me dévergondais un peu trop vite pour une enfant élevée dans une famille si sévère. J'ai toujours voulu visiter Madrid, c'est un joli coin, il paraît. », fit-elle en adressant un sourire charmant à son interlocuteur après quoi elle but une autre gorgée de son verre qui était encore plein.

Cali fit un effort pour ne pas aller chercher elle-même la grande bouteille de vodka qui était de l'autre côté du comptoir et qui semblait l'appeler au secours. La douce avait toujours eu un faible pour la vodka, elle ne pouvait jamais en refuser un verre lorsqu'on le lui offrait. Mais bon, elle devait être raisonnable et ralentir un peu si elle voulait tenir encore plusieurs heures. Sinon, elle finirait raide morte dans son lit, ou encore dans les toilettes en train de vomir les litres d'alcool qu'elle avait englouti. La rouquine passa une main sur sa nuque nuque chaude pour y dégager les cheveux qui l'étouffait. À ce temps-ci de l'année, elle faisait habituellement couper ses longs cheveux parce qu'il lui donnait d'énormes chaleurs, pourtant cette année elle endurait et avait renoncé à faire couper une seule mèche rousse de sa tête. Calista se retourna légèrement vers Enzo pour bien le voir, sa vue était encore un peu flou en fait.

« Merci beaucoup. Je dois avouer que j'aime bien mon nom. Ça a quelque chose de...grec. Je veux dire, comme les jolis noms de déesse. Et puis la signification de mon nom est plutôt sympa, ça veut dire "la plus jolie". C'est flatteur. »

Calista se mit à faire claquer ses longs ongles contre le comptoir froid du bar tout en finissant son verre tranquillement. Elle songea quelques instants à proposer un verre à Enzo, mais s'il avait envi de boire, il l'aurait probablement fait depuis un moment, non? La belle passa doucement sa langue sur ses lèvres sèches toujours fendues en un sourire.

« Non non, y'a que moi qui est si gentille, les autres sont toutes des salopes, en fait... »

Calista ricana doucement en se commandant un autre verre et reposa finalement son regard sur Enzo qui lui, ne l'avait pas quitté des yeux. Il n'était d'ailleurs pas le seul à la regarder ainsi, en fait.

« T'as travaillé pendant quatre ans? Faut s'amuser, c'est nul sinon...Tu fais quoi comme boulot? »

[Désolé, un peu long & pas super, je ferai mieux]

Enzo Javier Cruz était tout simplement incapable, ou presque, de ne pas avoir quelque chose pour lui occuper les mains. Il avait en permanence la manie de passer la main dans ses cheveux noir jais, tapoter doucement le comptoir, jouer avec son verre ou tout autre activité permettant d'activer chacun de ses doigts. Le jeune homme était ainsi depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Le faisant encore, il remarqua que Calista semblait avoir le même tic que lui, ce qui l'amusa légèrement. À l'habitude, on le trouvait irritant, à la longue, et à quoi il répondait en amplifiant l'effet sonore de son geste. Pourtant, ce serait tout le contraire avec la jolie rousse, et s'interrogea sur la pertinence de son raisonnement. Préférant se concentrer sur sa discution plus ou moins pertinente avec la jeune femme, avec le verre qui s'en venait, Enzo passa la main dans ses cheveux, puis regarder la jeune femme porter un verre, vodka orange, probablement, jusqu'à ses lèvres fines. Il croisa son regard, puis attrapa le verre que lui tendit le barman. Il huma le parfum âcre du mélange, puis en prit une gorgée. Corsé, mais juste comme il l'aime, coupé par la limette qui trônait royalement sur les quelques glaçons.

«Un très joli coin, surtout quand tu en visites ce, qu'évidemment, ne montre pas les guides touristiques.»

Il sourit respectueusement en écoutant les propos de la jeune femme. Il comprennait totalement ce fil de pensée, puisque Javier aurait bien voulu qu'Enzo suive ses traces à la lettre, au lieu d'être le père qu'il aurait du être pour ses frères et soeurs. L'Espagnol était on ne peut plus conscient que les parents avaient parfois des attentes si franchement dessinés qu'ils s'en méprennaient avec la réalité qui, en fait, était tout autre.

«J'ai eu le même problème, mais ça s'est conclut par une immigration, alors...»

Il était fier, dans un sens, d'avoir pu créer sa propre vie à partir de rien. D'un autre côté, il regrettait d'avoir laisser les siens derrière lui, Eulalie et les autres. Bien que Javier demeurait désormais avec eux, lui ne les avait pas connu tout petit, de minuscules petits êtres qu'Enzo avait élevé avec sa mère à la sueur de son front. Il réprima un sourire en pensant à leurs petits minois adorable, puis observa la jeune femme passer gracieusement sa main pour soulever sa chevelure abondante. Tous les gestes de Calista semblaient empreints d'une grâce certaine.

«Très flatteur, j'en conviens.»

Si Enzo Cruz aurait été en mode drague comme la majorité des garçons, il aurait pu s'étaler de compliments à l'égart de la jeune femme. À quoi bon, quand on sait qu'elle est probablement au courrant de ses charmes multiples et de sa beauté exquise? Il pourrait lui lancer des fleurs à chaque instant, mais cela ne vaudrait plus rien, en fait. De petites remarques attentionnées et rares prononçaient davantage un respect et un attrait certain pour une personne qu'une sérénade...

«Quand on est "la plus jolie", on peut pas parler comme ça» lança-t-il, moqueur.

L'Espagnol finit d'un trait son verre, puis le poussa un peu plus loin. Si le jeune homme ne quittait pas des yeux la demoiselle, ou presque, eh bien, c'était qu'elle était intriguante. Oui, incroyablement sexy. Oui, extrêmement belle. Mais des belles filles sexy, il y en a des tas, et Calista est certainement l'une d'entre elles, mais pas la seule. Non, elle était plus que ça, jolie, mais avec une tête sur les épaules et des manières intéressantes. Il ne serait pas surpris de la savoir avocate ou médecin, un travail sérieux. Allez savoir pourquoi, Enzo croyait fermement que pour avoir presque toute sa tête sous l'effet de l'alcool, il faut un esprit brillant à jeun, très brillant.

«On ne compte pas quand on aime ce qu'on fait.»

Puis, il ajouta.

«Je suis commentateur sportif, en fait, et toi ?»

Calista se sentait douce, légère. Sa tête se balançait très délicatement sur le rythme de la musique qui enterrait ceux qui ne criaient pas assez fort pour se faire entendre. Elle était simplement bien là, en train d'évacuer la trop forte dose d'alcool qu'elle avait avalé en si peu de temps. Elle était gentiment Enzo lui faire la conversation avec son si bel accent espagnol qu'elle adorait déjà et dont elle se rappelerait. Calista fut d'ailleurs épatée. Malgrés tout, il n'essayait même pas de la draguer! Impressionnant, cet homme. Ou bien ça faisait parti de son petit jeu. La belle rouquine préféra croire qu'il ne tentait simplement pas de la draguer. C'était sympa en fait, de ne pas se faire relancer les mêmes conneries chaque minute. Habituellement, chaque fois qu'elle prononçait un mot devant un homme, celui-ci trouvait le moyen de la complimenter sur son visage, ses cheveux, ses seins...son cul aussi, probablement. Calista ne les comptait même plus. Et puis Enzo lui souriait simplement et c'était sympa, il n'y avait rien de «sexuel» et bien chiant. La jeune femme sourit tranquillement tout en portant son verre à ses lèvres, réaction à la première remarque du bel espagnol. Cali posa son verre à présent vide et le poussa doucement vers le barman qui l'attrapa. Les mains à présent innoccupées, la belle retira cette alliance qu'elle détestait tant et se mit à jouer avec, à l'enlever, la remettre, et ainsi de suite.

« Oh pardonnez mon langage si vulgaire monsieur Cruz, je ne savais pas où j'avais la tête! Je me dois d'être digne de ma beautée et de mon nom, après tout! »

Calista lui fit elle aussi un sourire moqueur en retour, pris un air de fille à papa pour finalement pouffer de son rire si joli quelques instants. La belle l'observa finir son verre, le reposer sur le comptoir en le poussant légèrement. La jeune femme, quant à elle, s'occupait les mains en tortillant une mèche de ses cheveux autour de son doigt et en faisant claquer les longs ongles de son autre main contre le comptoir qui était devant elle. La rouquine mourrait de chaleur, sa nuque était brûlante et en sueur sous son épaisse chevelure et elle était certaine que son visage devait être luisant. Immédiatement, Cali passa ses mains sur ses joues et fut soulagée en constatant qu'elle n'était pas en train de pisser l'eau de partout.

« Commentateur sportif? Intéressant comme boulot. De mon côté, je suis étudiante en médecine. Plutôt rigolo hein? Un médecin bien bourrée qui arrive à tout évacuer en buvant quelques verres d'eau. »

Cali ricana légèrement, puis prise d'une autre de ses insuportables bouffées de chaleur, elle agita sa main devant son visage pour se faire un peu de vent. Ce fut sans grand succès. La belle décroisa ses fines jambes, attrapa son sac et se leva en laissant un billet sur le bar pour payer son verre. Elle regarda gentiment Enzo en souriant.

« On sort? Je crève de chaud ici, et c'est plus très amusant en fait. Vous m'accompagnez, monsieur Cruz? J'aime bien votre compagnie. »

Calista lui fit un joli clin sans aucunes arrières-pensées et sans attendre sa réponse, elle lui prit le bras pour finalement se diriger vers l'extérieur du club.

Malgré l'heure tardive qu'il était, Calista avait les yeux encore bien ronds et ses paupières restaient bien en place. Elle se sentait comme une petite boule d'énergie en chaleur, elle avait besoin de marcher pour s'apaiser un peu. Finalement écoeurée par ces horribles bouffées de chaleur suffocantes, Calista prit l'initiative de sortir de ce club trop peuplé par des insomniaques en saisissant sa nouvelle connaissance par le bras sans même lui laisser le temps de broncher. De toute façon, elle n'avait pas envi qu'il bronche. L'envie de rentrer chez elle ne l'enchantait pas du tout et la belle n'avait pas à se donner des airs aguicheurs pour être apprécié par le bel espagnol. Elle le conduisit donc vers la sortie la plus proche en se faufilant dans la foule, ne lâchant pas son poignet pour éviter de le perdre en chemin. Une fois à l'extérieur, elle le lâcha et ne se gêna pas pour prendre une grande bouffée d'air. Enfin, elle se sentait plus libre qu'à l'intérieur de ces quatre murs si envahissants. Et là, malheur: elle aperçu au loin son petit ami, Kostos, qui se dirigeait dangereusement vers eux. Apparement, il ne l'avait pas reconnu, heureusement! Calista se retourna, et le plus naturellement possible elle lui fit signe de la suivre.

« Tu viens? Je t'enlève, je connais un endroit sympa pas loin d'ici... »

Toute souriante, plus une lueur d'inquiétude dans les yeux, Calista se dirigea d'un pas assuré vers le coin d'une petite rue en faisant claquer ses escarpins contre l'asphalte réchauffée par la canicule qui s'étendait sur toute l'île de Santorin. Ils arrivèrent devant un petit bar style bistro, ambiance très sympa. Des tables étaient disposées autant à l'intérieur qu'à l'extérieur sur une petite terrasse de bois. La jeune rouquine se dirigea vers une table, posa ses fesses sur une chaise qui était sur la terrasse et attendit qu'Enzo la rejoigne. Il l'imita, puis un serveur vint prendre la commande. Calista prit un martini dry. Elle adorait cette boisson. Finalement, ses yeux s'arrêtèrent pour se poser sur le joli visage d'Enzo Cruz qui la regardait toujours avec cet intrigant sourire que Calista n'aurait pas pu décrire avec de simples mots.

« Sympa comme endroit hein? Mais faut pas dire à tout le monde que je viens, c'est un secret en fait... »

Calista s'avança plus près de la table pour y déposa ses codes ainsi que l'avant de ses bras. Elle posa délicatement son doigt sur sa bouche et souffla un léger «chuuut» en riant légèrement, amusée. L'alcool restait encore présent dans son sang, et même si elle était en état, il affectait quand même légèrement son comportement. C'est de là que venait ce rire si joyeux qu'elle n'employait pas en temps normal. Son rire de tous les jours était plutôt insipide, sans réel enthousiasme.

« Parle-moi de toi, Enzo. Tu m'intrigues beaucoup. Tu n'as pas essayé de me draguer une seule fois, ton regard est resté planté dans mes yeux et n'est même pas descendu vers ma poitrine. Je ne croyais pas que ça existait encore, des hommes comme toi. Oh attend, peut-être que tu vas me proposer d'aller me sauter dans les toilettes? Pitié, ne brise pas tous les espoirs d'une jeune rousse naïve! »

Calista avait prononcé la dernière phrase sur un ton taquin et quasi mélo-dramatique. Elle laissa finalement ses lèvres s'étirer en un sourire charmant et reprit sa position initiale : le dos bien appuyé sur le dossier de sa chaise.

Ce charmant espagnol qui se tenait devant elle intriguait de plus en plus la jolie grecque qui laissait ses cheveux être balayé par la brise qui rafrachissait la nuit déjà bien avancée. Il semblait si calme, si peu tourmenté. La plupart des jeunes adultes vivant ici étaient tous déjà stressé par la vie, les études, les obligations qui s'enchaînent et qui ne s'arrêtent plus. Calista, elle, pourtant ne se comptait pas parmi tous ces gens. Bien sûr, elle avait une vie bien occupée, mais prenait toujours du temps pour elle-même. Pour être encore cette adolescente si souriante qu'elle fut autrefois. Elle aurait tellement aimé pouvoir sourire aussi franchement que dans ce temps, mais aujourd'hui, ça lui était impossible mais elle faisait des efforts et parfois ses sourires étaient sincères. C'était le cas avec Enzo. Il la faisait rire doucement, sans se forcer pour l'impressionner comme l'auraient fait la plupart des hommes vicieux qui dégoutaient la belle rouquine. Lorsqu'elle était libre comme ce soir, qu'elle n'avait aucune obligation et n'avait pas à confronter son petit ami, Calista se sentait si bien. Elle se laissait complètement aller, paraîssait sereine. Une simple fille parmi tant d'autres, pourtant, en agissant ainsi, elle se démarquait du lot. Elle n'était pas une femme ordinaire.

Une fois leurs verres posés sur la table, Calista prit le sien entre ses doigts fins et le porta jusqu'à ses lèvres qu'elle trempa dans la divine boisson qu'elle adorait tant. Il y avait un petit goût qu'elle avait toujours adoré et qui restait scotché à la langue pendant des heures sans jamais écoeurer et la belle s'y était accrochée. Le coin était calme, on pouvait apercevoir quelques passants qui marchaient simplement ou encore des motos qui étaient partis aussi vite qu'elles étaient arrivées. Calista appréciait cela : c'était si simple comme décor et comme ambiance. Le rire franc d'Enzo la fit sourire, montrant ainsi toutes ses jolies dents blanches. Calista avait été vraiment étonnée que le bel espagnol ne tente rien, la plupart des hommes l'auraient fait. Pourtant, il restait discret et poli. La belle ne se souvenait plus d'avoir rencontré quelqu'un d'aussi sympathique depuis...depuis quand déjà? Depuis ses seize ans, mais il était parti.

« C'est un plaisir, Enzo Cruz. Je dois avouer que tu rends tout cela très simple, et j'adore ça. C'est...naturel. »

Calista haussa doucement ses fines épaules bronzées et parsemées de quelques taches de rousseur ici et là tout en souriant simplement. Ses deux mains s'étaient refermées sur son verre et elle balançait légèrement sa jambe qu'elle avait croisé sur l'autre. Enzo l'amusait énormément mais l'intriguait encore plus. Où allait-il chercher cette simplicité, ces sourires francs et ces paroles amusantes? Calista se le demandait bien mais ne s'en plaindrait pas.

« C'est charmant de ta part. Il y a un moment de notre vie où il faut bien croire en quelque chose, sinon tout un monde s'écroule sous nos yeux sans qu'on ne puisse y faire grand chose sauf bien sûr contempler le désastre qui s'offre à nous. Pas vrai? »

Même si elle semblait être une de ces petites garces qui habitaient Santorini, Calista savait être humaine. Elle était une jeune femme tout à fait brillante et réussissait bien dans la vie si l'on écartait les quelques détails moins beaux. Calista but une autre gorgée de son martini dry pour finalement le reposer sur la table qui la séparait d'Enzo.

« Au fait, je t'ai pas demandé ton âge hein? Ah bah non. J'ai 21 ans, et toi, monsieur l'Espagnol? »